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A l'Opéra Comique, les 21, 23, 25, 28, 30/12 et 01/01

Véritable réussite festive, parenthèse qu’il fait bon vivre !

Hier, je n’ai pas assisté à la Chauve-souris de Strauss, mais à LA Chauve-Souris, celle qui va devenir, à n’en pas douter, la nouvelle référence du genre! Une véritable pause enchantée et enchanteresse, une faille dans l’espace-temps, une parenthèse dans la parenthèse de Noël : je n’étais plus à un lieu et une heure fixes, j’étais simplement dans La Chauve-Souris. Ceux qui ne croient pas en la magie n’ont pas assisté à ce spectacle : le temps n’existe plus, nous sommes véritablement transportés. Certes, cela n’est pas une épopée homérique bourrée de héros tous plus grandiloquents les uns que les autres, mais ces héros à dimensions humaines, ces « nous » potentiels ou réels suffisent amplement et parviennent, par le rire, à nous sauver de notre vie et de nous-même pour le temps d’une représentation. Peut-être un peu plus.

Ici, le rire et l’amusement sont maîtres et affaire de maîtres : un plateau de rêve qui frôle le divin au point de le chatouiller pour mieux l’atteindre. Chiara Sherath est, pour moi, l’une des découvertes de la soirée, et  des plus belles, il faut bien l’avouer : une voix puissante et maîtrisée, de même que son jeu, une bourgeoise de boulevard absolument splendide.

Sabine Devieilhe, fidèle à tout le bien que l’on a déjà pu dire sur elle, sublime le personnage d’Adèle et nous laisse voir une interprète semblant s’amuser dans ce rôle à la Arletty qui lui permet de monter sur les tables, allant même jusqu’à un petit côté aguicheur qui ne saurait déplaire à ces messieurs (et certaines dames) du public… Vocalement, le personnage n’est qu’un amuse-bouche pour cette colorature qui s’ajoute une ou deux difficultés qu’elle passe bien sûr haut la main (ou la voix) pour le plus grand plaisir des auditeurs.

Kangmin Justin Kim, grande découverte de la soirée pour moi, est à couper le souffle ! Bien que l’on note une légère « timidité » dans sa voix, sa palette vocale est véritablement inhumaine ! Quant à sa Cecilia Bartolsky, elle est à mourir de rire derrière une virtuosité vocale que l’on en viendrait presque à oublier tant on s’amuse ce soir.

 

Stéphane Degout, de son côté, fait oublier avec une facilité déconcertante que la partition de son rôle est remplie de difficultés insurmontables pour la plupart des chanteurs. Rien à redire non plus sur son jeu parfait. Perfection du jeu également chez Franck Leguérinel (Franck) ou encore Florian Sempey (Me Falke)

Frédérick Antoun étant souffrant, il est remplacé au pied levé sur l’ensemble des dates par Philippe Talbot pour le rôle d’Alfred, le chanteur d’opérette ne cessant de chanter pour un oui ou pour un non, laissant même entendre un « promenons-nous dans les bois » au début de la pièce alors qu’il est hors scène, sous les fenêtres de Rosalinde. On ne peut que saluer son implication pour un rôle appris en 48 heures à peine, le livret étant une nouvelle traduction faite pour l’occasion.

L’implication est d’ailleurs présente chez l’ensemble des artistes qui mériteraient amplement que l’on s’arrête sur chacun d’eux, mais il serait ennuyant de répéter finalement toujours la même chose : tout était parfait, jeux et voix. Notons également Jodie Devos de l’Académie de l’Opéra Comique dans le rôle d’Ida, Christophe Mortagne pour un très drôle Me Miro, Atmen Kelif qui incarne un Frosch qui aurait peut-être pu être encore plus virulent (mais avec un Premier Ministre dans la salle, on ne doit pas pouvoir tout se permettre ?) et enfin Jacques Gomez dans le rôle d’Ivan.

 

Le texte est lui aussi merveilleusement dépoussiéré par Pascal Paul-Harang dont le travail titanesque est à souligné, respectant le texte primaire mais aussi la musicalité du français, les rimes, la drôlerie, l’esprit, les bons mots dosés juste ce qu’il faut. La mise en scène, quant à elle, est superbe de justesse, l’ombre de la chauve-souris planant de bout en bout pour se matérialiser magistralement au finale…

 

Il n’y a donc pas de mot pour rendre compte avec exactitude de cette expérience qu’est La Chauve-Souris. Tout ce que l’on peut dire, c’est « merci infiniment » à tous les artistes et à l’Opéra Comique pour cette parenthèse généreuse et magique qui fait tant de bien. Cette production est bien partie pour devenir la nouvelle référence du genre et est un superbe cadeau… S’il reste des places, offrez-le-vous !

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