
Quand Florence Foresti devient Madame Foresti

Si : "la Foresti, elle est pas bonne, mais elle est drôle", sachez qu'on en reprendrait bien une ou deux parts, et qu'on préfère finalement le drôle au bon!
A voir et revoir sans modération, même si, bien sûr, on en voudrait plus, avec notamment des personnages présents plus longtemps. Un rappel ? Non : la fin est tellement magistrale qu’il ne faut rien y ajouter, malgré l’envie de prolonger ce moment…

Etrangement, je n’appréhendais pas spécialement ce spectacle : il est vrai que « Mother Fucker » était un peu en-deçà du tout premier spectacle de Florence Foresti, mais on était tout de même loin de regarder sa montre en se demandant quand le calvaire prendrait fin ! Je savais donc que je m’amuserais et passerais une bonne soirée, la seule question était de savoir à quel point… la réponse, la voici : au-delà de toutes mes espérances !
Certes, je suis bon public, mais la salle entière était conquise ! Avec ce nouveau spectacle, Florence Foresti devient Madame Foresti, titre qui prend tout son sens à la fin. J’ai eu l’impression de voir l’artiste aussi bonne que lors du spectacle qui l’a révélée, en plus mature et en plus travaillé : les sketches s’enchaînent, liés par un fil conducteur qui est que l’artiste a 40 ans et en parle avec nous, ils se font parfois écho, le texte est excellent, la complicité aussi, et surtout… surtout… surtout quel final ! Un final que seuls les vrais grands artistes peuvent faire. Ici, Foresti se révèle pleinement : elle est une comique de génie, oui, mais elle est une immense artiste, transmettant également un message sérieux et relativement grave, tout en faisant rire. La pilule passe toute seule, mais c’est pour mieux intégrer la leçon et pour mieux nous interroger sur de véritables problèmes. Elle assène quelques vérités à coups de rire, comme le fait que nous manquons tous plus ou moins de maturité, quel que soit notre âge. Nous ne finissons jamais de grandire… mais la grandeur d’aujourd’hui manque cruellement de modèle.
En effet, quels exemples, notamment féminins, avons-nous aujourd’hui pour les générations futures ? Qui a pris la suite de Simone Veil ou Marie Curie, si ce n’est « le gang des strings », comme l’appelle Florence Foresti ? Le sens de nos vies va-t-il encore dans la bonne direction ? Avons-nous conscience de la chance que nous avons, et surtout, ne la gâchons-nous pas ? Avant, une femme pouvait rêver et viser les étoiles ; aujourd’hui, elle peut s’y rendre. Tout ça pour quoi ? Grande question… et une tirade absolument mémorable d’une Arletty parfaitement incarnée pour clore cette heure et demie intense, montrant ce potentiel fabuleux de l’artiste. On finit non pas en éclat de rire, mais avec la furieuse envie de relever la tête, avec ou sans modèle, pour être digne, nous aussi, de nous faire appeler « madame ».

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