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A+2, Sophie Schulze,

éditions Léo Scheer

 

Résumé :

 

Dès le début, un dialogue entre la narratrice et une voix impérieuse, accusatrice, qui s'exprime souvent en allemand, s'intercale avec le récit. Comme en écho au désordre de la narratrice, confrontée à son errance entre différents endroits de la planète, à ses déménagements incessants. Tel Œdipe après avoir commis l'inceste et le parricide, il lui est impossible de se fixer, de s'enraciner. En Arabie Saoudite, en Tanzanie, à Abu Dhabi, à Paris, à Strasbourg, au Niger, à Jérusalem et à Cracovie, elle se retrouve, à 40 ans – de la deuxième génération née après la guerre –, face à un questionnement identitaire, développé à partir de trois axes, la personnalité juridique, la personne morale et l'unicité. La première partie porte sur le rapport aux papiers d'identité. Lorsqu'elle était professeur en Arabie Saoudite, au début des années 2000, elle avait perdu son passeport, et compris alors qu'« un lien inconscient, profond, (...) puissant » la reliait à ce papier. D'autant que les attentats contre les expatriés à Riyad se multipliaient, de plus en plus atroces. Obligée de rester, elle fut révoltée que la France puisse ainsi disposer de sa vie. Dans la deuxième partie, parmi les éléments biographiques éclairants : elle étudiait la philosophie à Strasbourg, où la lecture d'Être et Temps de Heidegger fut une révélation. Puis, celle d'Hannah Arendt et son analyse des régimes totalitaires. Et celle de Marx. Ensuite, décidant de tout arrêter, elle devient juriste. Assistante dans un tribunal, elle dut traiter d'affaires de sans-papiers...
Décrivant sa vie par épisodes, significatifs, excessifs, et non linéaires, Sophie Schulze raconte, dans la dernière partie, sa visite d'Auschwitz (A.) et de Birkenau (B.).
C'est le lieu de l'aveu de ses origines et la recherche de la délivrance. Le « je » de l'autobiographie est alors détruit pour laisser place à un « nous » impersonnel.

Mon avis :

 

Inclassable. Définitivement inclassable.

J’ai lu ce livre à Bruxelles, lors de mes dernières vacances. Je vous ferai grâce de développer ce point et passerai sous silence mon épopée personnelle, mais il faut tout de même que j’énonce un fait qui  a joué sur ma lecture : j'ai lu ce livre en parallèle d’Orphée et Eurydice. Je me trouvais donc d’un côté avec une mise en scène é(tr)reintante mettant en avant le « locked-in sydrome» (ou syndrome d’enfermement) et de l’autre ce roman sur fond d’Auschwitz et du problème de la culpabilité des générations ayant survécu à cette horreur. Entendons-nous bien cependant : il ne s'agit non pas ici de la culpabilité des survivants, mais celle d’une descendante d’un soldat allemand loin d’être le héro de guerre qu’on lui avait raconté étant enfant. L'ambiance de mes plus longues vacances (5 jours, rendez-vous compte) depuis 6 ans était donc donnée!  Une atmosphère globale assez lourde qui a certainement marqué mes ressentis du moment.

A+2 est donc un récit identitaire avec tout ce que cela implique. Mais pas une autobiographie. Pas une histoire non plus. Un roman ? Au sens large, oui, mais sans romance de la part de l’auteure, apparemment blessée par une vérité qui dérangerait n’importe qui. Comment ne pas se sentir coupable de la faute de nos Pères ? Nous n’hésitons pas à brandir fièrement les actes héroïques commis pas nos aïeuls et à nous en revendiquer, alors que paradoxalement nous sommes d’accord pour nous dire que nous ne sommes pas responsables des erreurs et des fautes qu’ils ont pu commettre. Sophie Schulze est donc une femme sensée et logique : elle qui était fière de son grand-père lorsqu’elle pensait que celui-ci était un héro ne peut pas oublier les liens du sang lorsqu’elle apprend son véritable rôle durant la guerre.

Un récit sans concession donc, une sorte de longue réflexion que l’on suit sans savoir où, un peu perdu, un peu retrouvé, un peu éclaté, jamais vraiment tout-à-fait avec l’auteure que l’on voudrait parfois un peu secouer, du moins pour ma part. Je n'ai pas réussi à m'attacher ni à l'auteure, ni à son histoire, et je pense qu’on ne peut pas toujours comprendre ces émotions qu’elle nous peint et qui sont strictement personnelles.

Nous ne sommes donc pas entraînés dans cette lecture, mais loin d’être ennuyés, d’autant plus que ce livre se lit facilement et rapidement. Très bien pour un petit livre de vacances, ou bien pour un trajet (quotidien ou ponctuel).

Certainement fera-t-il écho chez certains et certaines dont l’histoire est parallèle à celle de l’auteure. Pour ma part, j’ai la chance de n'avoir aucune culpabilité familiale héritée de cette époque, au contraire… à moins qu’une révélation future ne me plonge également dans ce parcours personnel décrit par Schulze…

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